Aurélie Bidault, scripte : « A chaque scénario, on plonge dans un univers totalement différent. »

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Après avoir travaillé dans le spectacle vivant, Aurélie Bidault s’est dirigée vers le métier de scripte il y a une petite dizaine d’années. Depuis, elle a multiplié les expériences sur des courts et des longs métrages ainsi que sur de la série TV, en Bretagne et ailleurs.

Crédit photo : Aurélie Bidault, scripte

Comment êtes-vous devenue scripte ?

Je suis devenue scripte dans le cadre d’une reconversion professionnelle. Je travaillais dans le secteur du spectacle vivant, j’y faisais de la production et j’ai eu envie de me rapprocher de l’artistique. Le métier de scripte me faisait de l’œil. J’avais des connaissances théoriques en cinéma du fait de mon cursus universitaire mais aucune connaissance pratique. Je pensais qu’une scripte pouvait me transmettre sa pratique, m’accueillir sur des plateaux mais ça n’a pas été possible. Je me suis donc formée seule. Il existe une multitude de ressources : des écrits de scriptes, des mémoires de recherche, des documents en ligne, etc… Et pour compléter mes connaissances, j’ai suivi une formation en écriture et une autre en montage.

Dans quel but ?

Il me semblait important de saisir la façon dont on construit le récit sur le papier et la façon dont on le réécrit à partir des rushes. J’ai pu travailler sur un premier tournage en 2016, un court-métrage à Rennes et c’est ainsi que les choses ont démarré. Le film s’appelait Louis dans tous les sens, de Violette Gitton et Paul Marques Duarte.

Par la suite, avez-vous majoritairement travaillé sur des projets relatifs à la Bretagne ou tournés en Bretagne ?

Je dirais oui, dans l’ensemble. Mais malheureusement, je n’y trouve pas assez de sollicitations. Je ne peux donc pas assurer mon statut d’intermittente du spectacle en ne travaillant qu’en Bretagne, bien qu’installée à Rennes.

Vous venez de travailler sur le long métrage de l’auteur, metteur en scène et réalisateur Diastème, qui s’appelle Joli-Joli. Pouvez-vous m’en parler ?

C’est notre deuxième collaboration. En 2020, j’avais déjà travaillé avec lui, sur Le Monde d’hier*, en partie tourné à Rennes d’ailleurs. Joli-Joli est une comédie musicale, écrite comme un vaudeville, qui se déroule sur une année, 1977. Il y avait d’importants enjeux à mon poste : s’agissant d’un film d’époque, en raison de nombreuses séquences chorales avec beaucoup d’actrices et d’acteurs au plateau, de l’utilisation récurrente de deux caméras, du fait des chorégraphies, et des chansons dont il fallait surveiller la justesse des playbacks. Ça ne m’a pas empêché de rire et de chanter beaucoup !

Dans votre travail de scripte, qu’est-ce qui change entre un court et un long métrage ?

Un long métrage offre plus de temps pour travailler les choses en détail. On peut interroger le parcours des personnages, leurs émotions, inventer des variantes de jeu, éventuellement concevoir de nouvelles séquences. Les marges de manœuvre sont bien plus grandes sur un long métrage. L’économie du court-métrage est tellement délicate que les conditions de travail le sont aussi, et parfois cela peut être frustrant de ne pas pouvoir prendre le temps de faire les choses au mieux. Autre chose : j’ai déjà du mal à quitter mes collègues après des semaines de travail commun, alors cinq à dix jours de collaboration avec une équipe, c’est trop court !

En 2022, vous avez également travaillé sur L’air de la mer rend libre*, tourné à Rennes. Quels souvenirs en conservez-vous ? 

Nadir Moknèche a vraiment filmé la ville de Rennes : la salle des mariages, la place de la mairie, la place Ste Anne, les rues du vieux Rennes mais aussi la gare, la plaine de Baud… Nous avons tourné aux Champs Manceaux et à Alma également. Cette multitude de lieux vaut d’ailleurs aux personnages d’emprunter des chemins totalement invraisemblables pour un Rennais ou une Rennaise. Mais quand les raccords sont justes, les spectateurs et les spectatrices ne s’en rendent pas compte !

On dirait que le métier permet une très grande diversité de façons de l’appréhender…

Tout à fait. Et à chaque scénario, on plonge dans un univers totalement différent. De fait, les éléments auxquels nous allons prêter attention vont varier en fonction de ces données. Si mes missions et responsabilités restent les mêmes, je vais les aborder différemment en fonction du fait qu’il s’agit d’une comédie, d’un drame, d’un thriller, d’un court métrage, d’un long, d’une série… C’est riche et diversifié et j’adore ça !

Quand vous travaillez sur une série comme Déter*, les choses sont encore différentes ?

Oui. Ça va très vite. On valide généralement un plan en une, deux, trois prises. Ce fonctionnement demande un travail de préparation très important parce qu’on peut rarement questionner plusieurs fois les enjeux en cours de route.

Que diriez-vous à des jeunes qui s’intéresseraient au métier de scripte ?

De foncer ! J’ai reçu récemment une lettre d’une adolescente de 14 ans qui veut devenir scripte et réaliser son stage de 3eme sur un tournage. Quelle chance de savoir si tôt ce que l’on veut faire. Je leur conseille donc de foncer et d’aller expérimenter le métier au plateau. C’est aussi ce que j’ai recommandé de faire aux étudiantes et étudiants que j’ai rencontrés cette année à l’école de la CinéFabrique à Lyon.

* Soutenu par Bretagne Cinéma, le film a reçu l’aide financière de la Région Bretagne (en partenariat avec le CNC) et l’accompagnement personnalisé de l’Accueil des tournages.

Retrouvez également le profil d’Aurélie via l’annuaire Film France Talents

Propos recueillis par Alexandre Duyck en juin 2024.

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