Dominique Farrugia : « Quand on a goûté à la Bretagne, on y revient. »
17 septembre 2024
9 minutes de lecture
Producteur des séries « Brocéliande » et « Enquête en famille », Dominique Farrugia raconte sa découverte de la région et des équipes locales.
Acteur, scénariste, réalisateur, ancien dirigeant de la chaîne Comédie, Dominique Farrugia est aussi producteur de cinéma. Après le confinement, il a rejoint la production audiovisuelle en créant Shine Fiction avec le groupe Banijay. C’est à lui que l’on doit la série de rentrée de TF1, Brocéliande. Interview express de cet homme infatigable pendant le tournage d’un épisode d’Enquête en famille, nouvelle série Shine Fiction… qui se déroule à nouveau en Bretagne.
Pourriez-vous nous raconter la genèse de Brocéliande ?
Quand j’ai créé Shine Fiction fin 2020, la productrice Juliette Hayat des Films du Printemps développait un projet dont le titre était alors Les ombres de Brocéliande. Le sujet m’a tout de suite intéressé et je lui ai proposé de coproduire la série. Quelques semaines plus tard, j’ai rencontré Nolwenn Leroy qui a tout de suite été partante pour le premier rôle. Les scénaristes (ndlr : Isabelle Polin, Thomas Boullé et Eric Delafosse) sont repartis en écriture et ont inventé cette histoire remarquable, la saga Brocéliande. Avec la productrice, Juliette Hayat et le réalisateur, Bruno Garcia, nous avons travaillé le casting pour rassembler autour de Nolwenn des comédiens d’univers très différents, comme Marie-Anne Chazel ou Thomas Jouannet notamment.
Les décors naturels et surtout la forêt sont véritablement au cœur de cette série.
Ce sont les scénaristes qui m’ont fait découvrir cette forêt de Brocéliande que je ne connaissais pas du tout et qui est incroyable. Le réalisateur Bruno Garcia a vraiment réussi à la sublimer à l’image. Mais le tournage de la série nous a emmenés dans d’autres lieux de l’Ille-et-Vilaine, vers la Bretagne intérieure loin du bord de mer, que l’on connait mal et est pourtant magnifique aussi. Ça a donné une âme très forte à la série, qui est très solaire même si c’est un drame. Car nous avons été très gâtés par le temps, il a fait très beau pendant le tournage.
Quelles ont été vos relations avec la Région et l’Accueil des tournages ?
Bretagne Cinéma a été un appui si important sur Brocéliande qu’aujourd’hui je suis revenu tourner une nouvelle série en Bretagne ! Quand on a goûté à la Bretagne, on y revient. Il y a la subvention bien sûr, mais l’intérêt est surtout humain, dans les liens que nous avons tissés avec les professionnels sur place. Dans l’équipe d’Enquêtes en famille que je tourne actuellement, deux tiers des techniciens sont bretons. Par exemple l’assistant caméra, une partie de l’équipe de production, ou encore la première assistante réalisation qui vit à Rennes : il y a davantage de bretons sur le plateau que de parisiens. Et nous avons réalisé un casting d’acteurs bretons, ce qui avait été peu le cas pour Brocéliande : sur ce tournage certains comédiens viennent de Brest, d’autres de Rennes.
La série Enquête en famille a-t-elle été écrite avant le tournage de Brocéliande ?
Non, elle a été développée après. J’ai eu une idée de comédie, toute simple : un couple de quincaillers fan de séries policières se débrouille pour faire muter chez eux leur fille qui est flic. Ça pourrait se passer dans n’importe quelle petite ville de province. Nous avons écrit le scénario avec Jeanne Le Guillou et Bruno Dega, nous avons fait des repérages ensemble en Bretagne. Le vrai prénom de Jeanne Le Guillou, c’est Janick, autant dire qu’elle connaissait bien le coin ! Nous avons trouvé très vite les décors idéaux à Bazouges-la-Pérouse. Ça m’a permis de revenir travailler ici avec des gens que j’aime bien. Quand on est déjà venu dans une région, on peut davantage se projeter et savoir précisément ce que l’on veut faire. Plus on collabore en amont avec la région dans laquelle on tourne, mieux on connait les professionnels, plus c’est facile. Ce que j’apprécie ici, c’est la facilité à travailler ensemble et la couleur forte que la Bretagne donne à la série.
Enquête en famille signe votre retour à la comédie comme producteur mais aussi comme réalisateur ?
Attention, je ne réalise que deux épisodes, la vraie réalisatrice c’est Sophie Boudre ! Pour ce qui est de la comédie ; quand j’ai créé Shine Fiction, c’était avant tout pour produire enfin des drames. Trop longtemps le monde du cinéma m’avait collé l’étiquette comédie mais j’avais envie de drame. J’ai produit Brocéliande, la série Rien ne t’efface d’après le livre de Michel Bussi et une série en costumes au 19ème siècle pour Apple TV+… C’est cette idée d’Enquête en famille qui m’a donné envie de revenir à la comédie.
Il y aura donc peut-être une saison 2 tournée en Bretagne ?
Il est encore bien trop tôt pour le dire ! Ce sera une comédie policière en six épisodes, bouclée, c’est-à-dire qu’il y aura une enquête par épisode. Alors oui, si une deuxième saison existe, elle pourrait bien se tourner en Bretagne. Quant à Brocéliande c’est véritablement une saga construite en six épisodes, il n’y aura pas de suite.
Produire la série phare de la rentrée de TF1, c’est une grosse pression ?
Je me mets la pression tout seul, en tant que producteur et patron de Shine Fiction. Ma société a quatre ans d’existence, et nous avons produit cinq séries. Deux sont en montage, une en tournage, Brocéliande entre en diffusion. On a bien travaillé. La région a organisé une très belle avant-première à Rennes, où beaucoup de techniciens de l’équipe et de nombreux fans de Nolwenn ont pu découvrir les deux premiers épisodes. Maintenant, je travaille depuis assez longtemps dans ce milieu pour savoir qu’on ne sait jamais vraiment comment un projet va être accueilli en salle ou sur l’antenne. Un vieux producteur me disait : « au final, une seule personne sait : le public ».
Propos recueillis par Valérie Ganne.
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