Sortie en salles : « Bonjour l’asile » de Judith Davis
3 février 2025
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Primé au Festival International du Film indépendant de Bordeaux, « Bonjour l’asile » est le deuxième long-métrage réalisé par Judith Davis, après « Tout ce qu’il me reste de la révolution », en 2019. De nouveau, elle livre une comédie engagée qui interroge nos angoisses et contradictions contemporaines pour mieux les dépasser et rêver un lieu du possible. En cela, le film travaille le même objectif : hisser nos impasses existentielles jusqu’à leur dimension collective. Tournée essentiellement dans le Morbihan, cette œuvre drôle et revigorante sortira en salles le 26 février.
Genèse
En 2019, la comédienne Judith Davis (Jacquou le Croquant) réalisait son premier long, Tout ce qu’il me reste de la révolution. Une dramédie sociale conçue spécialement pour son collectif de théâtre, « L’avantage du doute », composé de Simon Bakhouche, Maxence Tual, Nadir Legrand, Mélanie Bestel et Claire Dumas. Alors que le collectif écrivait sa pièce Encore plus, partout, tout le temps, Judith Davis a eu l’idée de Bonjour l’Asile, une comédie contemporaine puisant dans les thèmes de la maternité, de l’écologie et des réflexions psychologiques. La réalisatrice a ainsi mené les deux de front pendant plusieurs mois, en s’appuyant sur les mêmes acteurs.
Une invitation à rêver un lieu du possible
Bonjour l’asile répond à la nécessité de questionner avec lucidité et obstination le monde dans lequel on vit : négation des urgences sociales, finance violente, bétonnage d’une planète à bout de souffle, apologie d’une ère numérique qui nous soumet, poids de la charge familiale… Face à cette sensation de vivre dans une farce invivable, un « asile à ciel ouvert », la réalisatrice invente « l’HP », lieu associatif d’hospitalité permanente. Comme elle l’explique : « La proposition est du côté des rejetés, des hors-normes, des larmes, des femmes, des pauvres… Pour qui le film rêve un droit d’asile nouveau ». Elle définit l’endroit comme un « foyer de joie et d’altérité », au cœur de la forêt, pour s’autoriser à rêver.
Un lieu hors du monde
Judith Davis a mis beaucoup de temps avant de trouver le lieu adéquat en pleine forêt pour y poser sa caméra. Il s’agissait de trouver un bâtiment qui n’avait pas été impacté par le tourisme. Elle a alors eu un coup de cœur pour un château abandonné du Domaine du Plessis Kaer à Auray, dans lequel la nature reprenait ses droits.
Elle relate au sujet de ses influences : « Pour inventer ce lieu où tout serait changé en même temps, j’ai tout mélangé. Le spirituel, le politique, le rapport au vivant. (…) J’ai volé à de nombreuses cultures populaires le sérieux du rite, la veillée, le carnaval qui inverse, par le travestissement, les valeurs de domination. J’ai volé à la ZAD la façon de réintroduire du sacré en passant par l’humour. »
Le tournage s’est déroulé essentiellement dans le Morbihan : au Domaine du Plessis Kaer à Auray (pour les extérieurs château et forêt), mais également à Pluneret, Locoal-Mendon et Etel.
Soutenu par Bretagne Cinéma, le film a reçu l’aide financière de la Région Bretagne (en partenariat avec le CNC) et l’accompagnement personnalisé de l’Accueil des tournages. De nombreux comédien.ne.s, technicien.ne.s et prestataires breton.ne.s ont travaillé sur le film.
- Casting : Claire Dumas, Nadir Legrand, Judit David, Mélanie Bestel, Maxence Tuam, Simon Bakhouche
- Production : Agat Films; Apsara Films
- Coproductions : Micro Climat
- Scénario : Judith Davis, Maya Haffar
- Distribution : UFO Distribution
Synopsis : Jeanne quitte quelques jours le stress de la vie urbaine pour aller voir sa grande amie Elisa, récemment installée à la campagne. Au cœur des bois voisins, un château abandonné devenu tiers-lieu, foisonne d’initiatives collectives. Elisa aimerait s’y investir, mais entre biberons et couches lavables, elle n’en a pas le temps. Jeanne, en militante des villes, n’y voit aucun intérêt. Quant à Amaury, promoteur en hôtellerie de luxe, le château, lui, il veut l’acheter. Tous trois convergent malgré eux vers ce lieu d’entraide et de subversion… Mais combien de temps cet asile d’aujourd’hui pourra-t-il résister à ce monde de fou ?
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