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Sortie en salles : « Oui » de Nadav Lapid

Présenté à la Quinzaine des Cinéastes – Cannes 2025, « Oui » de Nadav Lapid sortira en salles le 17 septembre. Après « Synonymes » et « Le Genou d’Ahed », le cinéaste israélien poursuit l’exploration du rapport contrarié qu’il entretient avec son pays natal avec cette tragédie musicale d’une force stupéfiante. À travers le portrait d’un couple d’artistes pris dans la tourmente propagandiste de l’après 7 octobre, il livre une farce désespérée qui questionne l’obscénité et la servitude aux puissants. Porté par une mise en scène virtuose et un génial trio d’acteurs, ce film survolté, dérangeant, étourdissant, est soutenu par Bretagne Cinéma et a été en partie post-produit par la société bretonne Ride-X, installée dans le Morbihan.

Crédit photo : OUI de Nadav Lapid © Les Films du Losange

Un film de résistance

Que signifie dire oui à la vie, dans toutes ses intensités et ses promesses, au sein d’un État qui exerce une violence extrême ? En mettant en scène un «musicien bouffon » qui divertit les puissants, Nadav Lapid interroge ce que c’est d’être bon aujourd’hui dans un monde qui profondément est de plus en plus mauvais. Par ses mouvements et ses gestes, Y. (fabuleux Ariel Bronz) est le plus actif possible : il n’arrête pas de bouger, de danser, de faire le pitre. Mais en fait, sa volonté et son désir ont été stérilisés, et la prostitution devient pour lui un état existentiel. Accro à la soumission, la seule chose qu’il est capable de dire, c’est oui. En cela, le film énonce une partition claire : le non résiste, le oui est soumis, le oui est un collabo.

Un geste cinématographique plein de fougue, d’émotion et de poésie

La posture morale de Y., basée sur l’ambiguïté et la résignation, devient un carburant narratif fascinant autant qu’un principe de mise en scène. La première partie est celle de l’exubérance, de l’excès et de la vulgarité grotesque : tout est trop coloré, trop bruyant, trop dansé, trop trash. Elle témoigne aussi d’un aveuglement face à la réalité et d’une forme de perversion. La deuxième partie du film, versant mélancolique du premier segment déchaîné, organise les retrouvailles impossibles de Y. et d’une ancienne amoureuse, idéaliste et combative (poignante Naama Preis). Laissant plus de place à la conversation, à la mémoire et à l’introspection, ce voyage dans le désert témoigne aussi, à sa manière, de la déshumanisation du monde. Car à quoi sert l’intimité en temps de guerre, pendant que Gaza est bombardée ?

Soutenu par Bretagne Cinéma, le film a reçu l’aide financière de la Région Bretagne (en partenariat avec le CNC) et l’accompagnement personnalisé de l’Accueil des tournages. Le tournage a eu lieu intégralement en Israël.

Ride FIX, société de post-production bretonne, a réalisé plusieurs plans combinant effets visuels avancés et compositing > Lire notre interview de Ride FX

  • Réalisation, scénario : Nadav Lapid
  • Casting : Ariel Bronz, Efrat Dor et Naama Preis
  • Production : Les Films du Bal, CHI-FOU-MI Productions
  • Coproductions : Bustan Films, AMP Filmworks, Komplizen Films, Arte France Cinéma
  • Distribution : Les Films du Losange

Synopsis : Israël au lendemain du 7 octobre. Y., musicien de jazz précaire, et sa femme Jasmine, danseuse, donnent leur art, leur âme et leur corps aux plus offrants, apportent plaisir et consolation à leur pays qui saigne. Bientôt, Y. se voit confier une mission de la plus haute importance : mettre en musique un nouvel hymne national.

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