Aller au contenu

Sortie en salles : « L’Homme d’argile » d’Anaïs Tellenne

Le 24 janvier au cinéma sort “L’Homme d’argile”, le premier long-métrage très poétique de la jeune scénariste et réalisatrice Anaïs Tellenne. Accompagné dès les premières étapes d’écriture par la Région Bretagne et le Groupe Ouest, le film est soutenu par Bretagne Cinéma. Retour sur l’histoire passionnante d’une œuvre singulière qui rend hommage au regard de l’artiste.

Crédit photo : L’Homme d’Argile © Koro Films, Raphaël Thiéry

L’histoire d’un regard qui libère, avec Raphaël Thiéry et Emmanuelle Devos

A l’origine du film est une rencontre. Entre 2016 et 2019, la réalisatrice Anaïs Tellenne tourne trois courts-métrages avec le comédien Raphaël Thiéry. Comme Raphaël, le personnage principal de “L’Homme d’argile”, Raphaël Thiéry est borgne et doté d’un physique hors norme. Il lui raconte qu’il a appris à vivre avec la condescendance, le rejet et la méfiance, jusqu’à ce que le réalisateur Alain Guiraudie le révèle dans le film “Rester vertical” (2016). Faisant de son physique atypique un atout, le cinéma a changé les regards sur lui. 

“Cette expérience m’a fascinée car elle met en lumière une problématique que nous avons tous en nous : celle du pouvoir du regard de l’autre.”

Anaïs Tellenne, la réalisatrice

Les regards sont en effet au cœur du film. Il y a ceux qui enferment : celui d’une mère – qui aimerait que son fils reste toujours son petit garçon -, celui d’une amie, qui fait d’un homme l’objet de ses fantasmes. Et il y a ceux qui libèrent : celui d’une artiste – qui voit dans en vous un paysage -, et celui que l’on parvient, peut-être, à porter sur soi-même. 

Aux côtés de Raphaël Thiéry dans ce superbe film : la brillante comédienne Emmanuelle Devos. Sous les traits de Constance, héritière du château où travaille Raphaël, mais aussi artiste sensible et émouvante, c’est elle qui portera sur notre héros le regard libérateur qui bouleversera sa vie. 

  • Avec : Emmanuelle Devos, Raphaël Thiéry, Mireille Pitot, Marie-Christine Orry, Cesare Capitani 
  • Production : Koro Films, Micro Climat, Vagabonds Films
  • Scénario : Anaïs Tellenne
  • Distribution : New Story

Synopsis : Raphaël n’a qu’un œil. Il est le gardien d’un manoir dans lequel plus personne ne vit. À presque 60 ans, il habite avec sa mère un petit pavillon situé à l’entrée du grand domaine bourgeois. Entre la chasse aux taupes, la cornemuse et les tours dans la Kangoo de la postière, les jours se suivent et se ressemblent. Par  une nuit d’orage, Garance, l’héritière, revient dans la demeure familiale. Plus rien ne sera plus jamais pareil.

Une œuvre à voir avec le coeur 

Héritière du théâtre populaire de Jean Vilar, Anaïs Tellenne entend proposer un film exigeant mais accessible. S’il joue volontiers des artifices, il est aussi profondément empirique, tendre et corporel :

“J’avais vraiment envie qu’on regarde le film avec le cœur et pas trop avec le cerveau”.

Anaïs Tellenne, la réalisatrice

A l’instar de son titre original, “Du grand feu ne restent que les braises”, le film ne cesse de jouer avec les mélanges, les contrastes et les ambivalences. Comme la vie, il est fait d’un enchevêtrement des genres, sans cesse mouvant et changeant, d’alternances qui s’entremêlent. C’est le paradoxe de Raphaël, un personnage d’une immense tendresse dans un corps de brute ; c’est l’insaisissable de Garance, ambivalente et mystérieuse ; c’est l’indéfini de leurs rapports, entre geste artistique et histoire d’amour. 

“L’Homme d’argile” se regarde comme une œuvre unique, à la croisée des genres. A la fois conte initiatique, comédie burlesque et drame, il est habité par les oeuvres qui l’inspirent : le cinéma de Jean Cocteau, Jacques Demy et Roberto Rossellini ; la littérature de Victor Hugo ; l’univers pictural de Paula Rego, Nikolaï Astrup et Munch et les livres d’images de Hans Christian Andersen. Une œuvre singulière, sensible et généreuse !

Sélectionné à la Biennale de Venise

Sélectionné à la Biennale de Venise 2023 dans la section “Orizzonti Extra”, “L’Homme d’argile” poursuit un parcours remarquable en festivals, en France et à l’étranger. 

Le film a été récompensé du Prix du Public au Busan International Film Festival 2023. Il a également reçu la Mention spéciale du Jury et le Prix du jury jeunes au Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz. 

Il a par ailleurs été applaudi dans de nombreux festivals : Festival Indépendances et Créations Auch Ciné 32, Festival International de la Roche-sur-Yon, Festival du Film de Sarlat, Festival Entrevues de Belfort, Poitiers Film Festival, Festival du Film Francophone d’Albi, Festival Effervescence de Mâcon, Festival de Cinéma Jean Carmet Seconds Rôles. 

Crédit photo : L’Homme d’argile © New Story, Emmanuelle Devos

Un premier film construit en Bretagne

Anaïs Tellenne est comédienne, scénariste et réalisatrice. Elle fait ses premiers pas au théâtre en tant que comédienne et se forme au lycée Molière avec La Comédie Française, puis au Théâtre National de Nice. 

Son premier court-métrage, “19 juin” est remarqué et sélectionné dans plusieurs festivals en 2016. Elle rencontre pendant le casting le comédien Raphaël Thiéry, à qui elle confie le rôle principal des deux courts-métrages qu’elle réalise ensuite : “Le Mal bleu” et “Modern Jazz”

“L’Homme d’Agile” est le premier long-métrage d’Anaïs Tellenne. Soutenu par Bretagne Cinéma, il a reçu l’aide à l’écriture de la Région Bretagne et a été développé au Groupe Ouest dans le cadre de la Sélection Annuelle 2019. 

La Sélection Annuelle du Groupe Ouest permet d’accompagner chaque année huit projets de long-métrage de cinéma. Les huit lauréats sélectionnés bénéficient d’un accompagnement en écriture sur neuf mois, dont quatre sessions collectives de travail en résidence en Finistère.

Soutenue par la région dès les prémisses de son projet, Anaïs Tellenne prouve avec “L’Homme d’argile” qu’elle est une cinéaste à suivre. Elle poursuit son chemin en tant que scénariste et réalisatrice et mène de front plusieurs projets : coscénariste de Louise Hémon pour son long-métrage “L’Engloutie” en 2022, elle écrit actuellement son deuxième long-métrage français et réalisera cette année un film aux États-Unis, “Les Indépendants”, sur la peintre impressionniste Mary Cassatt. 

Découvrez la bande-annonce :

Partager :

Notre actualité

La newsletter Cinéma